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mardi 9 mai 2017

Les aventures extraordinaires de Nelson Lobster 01. L'île des Lestrygons - Éric Corbeyran et Florent Calvez

Genre :Aventure
Parution :Série finie
Tomes :3

De Charybde en Scylla, Nelson Lobster a semé sa légende aux quatre coins du globe… Sur les traces des grands romans d’aventures fantastiques, Corbeyran et Calvez
 imaginent ce récit drôle et passionnant.
Série considérée comme terminée, mais qui laisse beaucoup de questions sans réponses.


1. L'île des Lestrygons
Une BD de Éric Corbeyran et Florent Calvez  chez Delcourt (Terres de Légendes) 
  01/2007      54 pages    Grand format 


U n étranger masqué pénètre dans une taverne et prétend revenir de l’île des Lestrygons. Il n’en faut pas plus pour déclencher la colère des marins qui ne feraient qu’une bouchée de l’intrus, si le célèbre aventurier Nelson Lobster ne décidait d’intervenir. Découvrant l’identité du provocateur, ce dernier, amusé, entreprend de lui narrer ses mémoires.

Voilà un album qui ne laissera pas indifférent ! Style graphique affirmé et surtout scénario complètement atypique séduiront les incorrigibles rêveurs, amateurs de chimères et de fantasmagories, tandis que les autres risquent fort de se détourner de cet étrange objet au premier Leviathan entraperçu.


Dans le peloton des stakhanovistes du scénario, Corbeyran se distingue par son éclectisme. Aucun domaine ne semble l’effrayer et il s’attaque ici à une sorte de conte fantastique à la manière de Jonathan Swift ou Voltaire. Le genre était plus couru il y deux siècles et il était aussi prétexte à de subtiles dénonciations de la société. Ici, la fantaisie semble être le seul objectif des auteurs : grâce à une imagination fertile et quelques références habiles, le dépaysement est au rendez-vous et les lecteurs en mal de mondes merveilleux en auront pour leur compte. 

 L’exercice n’est pourtant pas si simple : ce premier tome manque de souffle et d’humour et lorsque la surprise ne joue plus, certaines faiblesses dans la construction narrative deviennent pesantes. Les aventures sont vite expédiées, on n’a pas le temps de s’inquiéter pour le héros qu’il triomphe déjà sans avoir tremblé. Détail étonnant pour un scénariste qui joue du suspense avec brio dans le Chant des Stryges par exemple. Les personnages secondaires manquent de profondeur, notamment la Mort et l’invitée du héros, élément exacerbé par un trait plus hésitant sur les gros plans. Le graphisme justement, achèvera de partager les lecteurs : empreint d’une forme de naïveté qui convient bien au genre, il n’est que très peu mis en valeur par des couleurs numériques qui ne sont pas pour rien dans le manque d’âme qui émane de l’ensemble.

Le décor est planté dans ce premier tome, qui dépasse le simple cadre de la présentation puisque le secret du héros est révélé d’emblée. Un choix étonnant qui laisse penser que les albums suivants seront plus axés sur d’éphémères péripéties plutôt que sur le héros lui-même. Calvez et Corbeyran ont le mérite de remettre au goût du jour le genre, même si la comparaison avec Gulliver ou Münchhausen reste pour le moment cruelle.

Par M. Antoniutti [ BD Gest]





















Publié par Monsieur Augustin

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