Seulement BD: Durango 01- 17 + 2 Dossiers + HS - Yves Swolfs. Contribution de Philippe

Bande annonce de la série : https://youtu.be/xcj9oUxqqJY

Avis global sur la série :

Premièrement un must pour tout amateur de western. Sur plus de 15 ans, M. Swolfs arrive à perdurer en qualité, le dessin est magistral, les divers coloristes parviennent à conserver la touche graphique propre à la série. Certaines histoires sont en one-shot, d'autres en dyptique, parfois en cycle. Le tome 1 est culte ! Il y a du Clint Eastwood dans le 9ème art avec un Durango silencieux, seul son colt parle pour lui. Le cycle Amos à quelque chose d'épique. Quant aux divers scénarios, ils restent somme toutes classiques pour un univers western, mais les histoires sont accrocheuses ! On prend un plaisir fou à ouvrir un tome et c'est le principal. Indispensable !!!

(Extrait de la critique de « Blueberry13 » du 15/12/2010 sur bedetheque.com)

Aaaah ! Le western spaghetti ! Sa violence omniprésente. Ses paysages imposants et magnifiques. Sa musique lancinante. Une production en Italie de plus de 450 films entre 1963 et 1978. Des personnages cyniques, individualistes, aux mines patibulaires et mal rasés, prompts à dégainer à la moindre contrariété. Bien sûr, le premier nom qui nous vient à l’esprit est Sergio Leone. Mais pour comprendre Durango, il faut avoir vu le splendide « Le grand silence » de Sergio Corbucci ,1968, Jean-Louis Trintignant, Klaus Kinski, Frank Wolff et la jolie Vonetta McGee, musique de Ennio Morricone (Who else? pour pasticher l’autre-là, l’amateur de café !). Car grand amateur de westerns dans sa jeunesse, Yves Swolfs, né à Bruxelles en 1955, s’est fortement inspiré du personnage de Silence pour créer son Durango…

Hiver 1898, dans les Montagnes Rocheuses enneigées de l'Utah, des paysans et bûcherons sont devenus hors-la-loi pour survivre. Des chasseurs de primes, dirigés par le doucereux mais cruel Tigrero, sont payés pour les abattre. Pauline, dont le mari a été tué par Tigrero, engage Silence, un pistolero muet, pour la venger.

Deux bandes annonces : https://youtu.be/zSV5Aa4beBY ou https://youtu.be/aoYOYkU8B9g

Et Swolfs ne s’en cache pas: outre le fait que dans le tome 1, le tueur Reno ressemble comme deux gouttes d’eau à Klaus KINSKI, on peut voir qu’à la première page du tome 3, parce qu’il a perdu l’usage de la main droite pour tirer, Durango va acheter un Mauser C96, cet étrange pistolet de Silence que Tigrero lui avait subtilisé dans le film :

Interview de Swolfs : https://youtu.be/r5ZUEt1dIYc (et moi je dis que quand on gratte sur sa guitare du Jimi Hendrix, on ne peut pas être un gars foncièrement mauvais !)

Réalisation d’un dessin de Durango : https://youtu.be/USVrjjETS30 (dommage que la vidéo est filmée en accéléré !)

De superbes dessins !

Graphisme irréprochable, dessins minutieux et détaillés, un art du cadrage et celui des gros plans à la Sergio Leone, tout y est pour nous procurer l’illusion de regarder un film parmi les meilleurs westerns spaghetti de la grande époque ! Au point qu’à la lecture d’un de ses albums, on se surprend à fredonner des airs d’Ennio Morricone !

Soyez attentif: à chaque album, Swolfs nous distille sa connaissance profonde de l’univers des westerns :

Tome 3 : page 32, vous pourrez apercevoir Clint Eastwood qui passe ;

Tome 4 : les visages de l'agent Siringo de la Pinkerton et Amos lui-même sont puisés dans le film "Le dernier face à face" (1967 de Sergio Sollima) , Logan de son côté a les traits de Jack Palance et le chasseur de primes mexicain du début de l'album sort tout droit de "Et pour quelques dollars de plus" ;

Tome 9 : page 15, profitez-en pour dire bonjour à Lucky Luke qui traverse la rue !

Tome 13 : page 17, c’est au tour de Blueberry et son ami Mc Clure de venir faire un petit tour…

Une reprise de la série huit ans plus tard :

On a bien cru en 1998 après la parution de « Sans pitié », le 13^ème album de la série, que la série était bel et bien arrêtée. Yves Swolfs avait choisi depuis 10 ans déjà de raconter les guerres de Vendée avec la série "Dampierre" pour la collection « Vécu » de Glénat et depuis 1994, l’histoire du vampire aussi sanguinaire que séduisant, répondant au nom de Vladimir Kergan dans "Le prince de la nuit" pour la belle collection Grafica du même éditeur. Alors quelle belle découverte de retrouver un jour le beau Durango : avec tous les projets qu’il avait en tête, Swolfs a décidé de s’occuper du scénario, délégant la tâche dessinateur au français Thierry Girod qui dut pour la cause abandonner la série « Wanted » dont il avait la charge à cette époque. Celui-ci fera merveille sur les trois albums suivants avant de céder lui-même les crayons et les encres au jeune dessinateur italien Iko pour le dernier tome de la série paru à ce jour.

Je profite aussi maintenant pour tirer bien bas mon chapeau (un Stetson évidemment !) à tous ceux et celles qui ont magnifié toutes les histoires de la série par leurs superbes coloriages !

Et trois petites choses encore à vous dire :

1°) Pour les curieux et les fans : compulser le dossier Swolfs édité par la revue DBD en juin 2003 ;

2°) Pour ceux qui ont l’âme collectionneuse : une vidéo qui va vous faire baver ! C’est la présentation du coffret tirage de luxe « Durango - Jessie » édité en janvier 2017 par les éditions « Les Sculpteurs De Bulles ». https://youtu.be/mPolgbCc5cM

3°) Pour… qui veut : La revue « Sexstar Pocket » a sorti en janvier 1980, soit un an avant la parution du premier tome de Durango, l’histoire « Viol à Grey Rock ». Yves Swolfs est aux dessins et au scénario. En remplaçant le nom « John Kayne » par « Durango », on pourrait considérer qu’on a devant soi la première aventure de la série ! Tout y est ! Le jeune Swolfs maîtrise déjà parfaitement son dessin. Enfin euh…, concernant sa capacité à dessiner les vêtements féminins, on n’osait peut-être pas encore se prononcer à l’époque: cette aventure étant parue dans un P.F.A (Petits Formats pour … Adultes) !