Seulement BD: Céleste Pion (Journal de Tintin 1964-1966) Acar / Hugo

Céleste Pion est l'une de ces multiples séries d'humour en récits complets

que lança Tintin au début des années 60.

Que ce soit Finkelstein, Bojôlet ou Evariste Confus pour ne citer qu'elles,

aucune ne s'installa vraiment durablement dans

l'hebdomadaire.

Dire qu'elles étaient destinées au lectorat le plus jeune du journal

reste une évidence.

Pour autant et compte tenu de cette contrainte, elles ne manquaient pas de qualité.

Ce Céleste Pion, artiste à tout faire fait évidemment penser au Jérôme Bluff, homme à tout faire (1962-1963) de Martial dans Pilote.

Le concept est le même : même personnage maladroit

amené à faire différents métiers, mêmes réussites, et toujours en récits complets, toutefois souvent un peu plus longs dans Pilote.

Avec Yves Duval, Acar était l'un de ces scénaristes multicartes

qui sont venus à la rescousse de

différentes séries comme en l'occurrence

Corentin, Tounga, Ray Ringo, Strapontin...

Toutefois les séries qu'il créa ne connurent pas la même longévité

et quand ce fut le cas avec

les Franval c'est après qu'il ait lâché la main.

Il n'en reste pas moins que sans être l'un des plus

grands scénaristes, Acar était l'Un des rares à être aussi à l'aise

dans les bandes réalistes que dans les humoristiques

sans atteindre toutefois le génie d'un Greg.

Hugo de Reymaeker, né le 13 juillet 1937 à Tervuren et mort le 15 juin 2001

en Martinique, est également connu sous les principaux pseudonymes de Fonske, Hugo et Hurey.

On le connait en France pour sa participation à Tintin entre 1961 et 1966, sinon l'essentiel de sa carrière

s'est déroulée pour la presse belge néerlandophone.

Après des études à l'Ecole Supérieure des Arts de Saint-Luc, de Reymaeker intègre les studios Belvision en 1959.

Bien que créés en 1954, les studios sont encore

à l'époque balbutiant n'ayant réalisé, en tout et pour,

qu'un seul court métrage exploitable en 1958.

Il commence assez naturellement à travailler pour Tintin en 1961,

Raymond Leblanc étant le

patron aussi bien de Belvision que des éditions du Lombard.

Là pendant 5 ans il va livrer plusieurs centaines d'illustrations sur des rédactionnels, des contes, des pages sports, des publicités, etc.

Mais finalement peu de bandes dessinées.

On compte à son actif, deux séries à suivre, Didi Soda (L'île atomique)

et Joly (La clé mystérieuse), et trois personnages récurrents, en récits complets seulement : Mathurin le pirate, dont la carrière se limitera à deux histoires,

le Professeur Twist et donc Céleste Pion.

On remarquera d'ailleurs que ce personnage demeure avenue Hugo Acar,

du nom des deux auteurs !

A cela il convient de rajouter une dizaine d'histoires qui vont

de la simple planche gag au récit de 6 pages.

En revanche sa production pour la presse néerlandophone sera plus continue.

On le retrouve dans Ons Volkske, supplément jeunesse du journal Ons Volk Ontwaakt, avec De Avonturen van

Gerarke, De Bende van Black & Co, De Nieuwe Avonturen van Lancelot, ou encore les gags de Hippo et Theo.

Pour la revue Pats dès 1962 il crée Bert & Bettie, Roy Blent et De Brammetjes.

Il reprend aussi à son compte le temps à partir de 1965 les personnages

de Marc Sleen De Lustige Kapoentjes,

qui seraient en quelque sorte la version flamande des Petites Canailles

du slapstick américain et Piet Fluwijn en Bolleke,

dans lequel un père en nœud papillon et chapeau melon essaie vainement

de faire l'éducation de son turbulent fils.

Il a collaboré également au journal Het Volk qu'il quitte en 1976,

uite à une divergence de points de vue éditoriaux.

Il travaille en 1978 pour le magazine Gagzette sous l'alias d'Amaie.

En 1980, il quitte la Belgique pour la Martinique.

A en juger par la faiblesse des ressources disponibles sur le net,

ce dessinateur n'a pas laissé beaucoup plus de traces

sur les sites néerlandophones que francophones.

Si la multiplicité de ses alias ne facilite pas la tâche, l'insuccès

de ses séries explique davantage pareil oubli.

Pour autant, la chose est relativement injuste, même si ses bandes ne peuvent prétendre à figurer au panthéon de la BD, elles ne sont pas indignes non plus.

La plupart du temps, il bénéficie du soutien de scénaristes chevronnés qui,

s'ils ne confinent pas au génie, n'en sont pas

moins de solides professionnels, Acar en étant un excellent exemple.

En 6 ans, il livre quasiment 200 planches et plus de 100 dessins

et est de fait un collaborateur régulier de Tintin.

Avec Géri, Jo-El Azara, Mazel et Mitteï,

il fait partie de l'écurie des jeunes

dessinateurs au style comique dont les prédécesseurs pas

nécessairement beaucoup plus

vieux s'appellent Dino Attanasio, Greg ou encore Albert Uderzo.

Tous ont fait des carrières exceptionnelles ou estimables,

le seul qui soit resté en retrait est Hugo.