Le secret de Mahukitah est la première BD d'Albert Weinberg (1922-2011) pour Tintin. Jusqu'alors il n’avait fait qu'illustrer des contes où des nouvelles pour ce journal
et il se passera pratiquement encore deux ans avant que Weinberg ne revienne à la BD,
restant cantonné dans les seules illustrations.
Cette première histoire est bien de le style de la revue d'alors.
À l'opposé de Spirou qui passe pour un magazine frivole,
Tintin a l’image d’un journal sérieux. Les collaborateurs de la revue de Marcinelle
ont chacun leur style de dessin, parfois fort
éloigné, ceux de Tintin se rapprochent de celui qu’on n’appelle pas encore
la fameuse ligne claire.
Tintin offre encore beaucoup de séries avec la vignette et le texte en dessous,
Spirou beaucoup moins. Quasiment au même
moment la revue de Raymond Leblanc propose des adaptations de Cervantes, Eugène Sue, Salgari, Stevenson, etc. tandis que son concurrent se focalise sur les créations originales.
Bref en apparence, c’est le ciassicisme d’un côté et la fantaisie de l’autre.
La rigueur correspond bien au caractère d’Hergé.
Dans les échanges épistolaires qu'il peut avoir avec ses collaborateurs ou avec Raymond Leblanc;
le patron qui l’a sorti du purgatoire à la Libération, on sent autant une exigence,
souvent justifiée,qu'un manque de souplesse.
Les deux combinés entraînent des jugements définitifs, parfois un peu expéditifs.
Leblanc la alors placé dans une revue dans laquelle le père de Tintin
n'avait aucun pouvoir et avec un succès suffisant pour que Chick Bill
revienne par la grande porte. Philippe Godin dans sa monumentale
Chronologie d’une Œuvre évoque au fil des pages ces différentes escar-
mouches entre l'artiste et l'éditeur, celui-ci tapant parfois du poing sur
la table, allant jusqu’à signifier que la direction artistique qui avait été
confiée à Hergé, donc le droit de vie ou de mort d’une série, se limitait
finalement aux seules aventures de Tintin.
Toujours est-il que les collaborateurs du journal se coulent dans le style
Tintin, sans qu'il y ait d’ailleurs d'imitation servile. Il est donc juste de
parler d’une opposition entre l’écoie de Marcinelle (Spirou) et celle de
Bruxelles (Tintin).
C’est le 16 mars 1950 au n°10 que commence cette aventure et c'est le
1 juin de la même année, au n°29, qu’elle se clôt, après d’ailleurs une
courte interruption. Comme il est alors de coutume dans Tintin les séries
sont délivrées au compte goutte, un planche par semaine, le plus souvent en bichromie. Celle histoire bénéficie de la couleur, preuve qu'on lui accordait un gage de qualité, mais en 17 planches il difficile de prétendre qu'li s’agit d’une bonne BD.
Il faut plutôt la voir comme une œuvre de fin d’études qui brasse le style
de l’air du temps. L'époque est aux films d'aventures, le plus souvent
exotiques. Qui plus est le retour de Tintin s’est fait avec Le Temple du
Soleil. Réminiscence inconsciente, hommage, flagornerie ? Toujours est-
il que cette histoire se déroule au Guatemala et qu’il sera question de
Mayas et de trésor.
Original ? Pas vraiment mais touchant certainement car comme tous les œuvres de
jeunesse si elle n’est pas sans défaut , elle
laisse déjà percevoir ce que sera la pâte Weinberg quand il sera à son zénith.
NB: Tous les numéros et dates font référence à la chronologie de Tintin (Belgique).
À la différence de la version française dont la numérotation était continue,
la belge reprenait au n°1 avec le premier journal de l’année en cours.
Remerciement à Voltaire57 pour un excellent travail de haute qualité.
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Publié par Monsieur Augustin