Curieuse vie que celle d’Alan Hewetson (1946-2004) qui fut tout à la fois écossais et canadien, photographe et scénariste, amateur de comics d’humour mais ayant surtout œuvré dans l’horreur.
Il nait à Glasgow
et y passe les premières années de sa vie jusqu’à ce que ses parents émigrent
au Canada en 1955. C’est là qu’il découvre Mad,
le fameux magazine d’Harvey Kurtzman. Il commence sa vie professionnelle en
tant que technicien de labo photo avant de devenir lui-même photographe de
presse.
Il s’arrange pour
obtenir un entretien avec Stan Lee aux fins de conseils. Un an plus tard il
recontacte le rédac’chef de Marvel pour lui demander s’il n’a pas un job pour
lui. Cela tombe bien, Lee a besoin d’un assistant et le fait recruter par une
des huiles de Marvel, Sal Brodsky.
Les débuts de
Hewetson dans la carrière n’ont rien de glorieux, il est chargé d’ouvrir le courrier
des fans et de préparer les réponses qui paraissent dans les revues du groupe.
C’est donc en homme à tout faire qu’il se fait remarquer. On lui propose alors
de soumettre des idées de scénarios qui sont jugés trop noirs dans le sens
gothique du terme pour l’ensemble des mensuels du groupe lors surtout tournés
vers les superhéros.
Cet échec est en
fait un demi-succès puisque le scénariste s’est fait un petit nom qui n’a pas
vraiment échappé à James Warren, l’éditeur de Creepy, Eerie et Vampirella. Cela tombe d’autant mieux
qu’il vient de mettre à la porte Archie Goodwin, les deux hommes ayant chacun
un caractère qu’on qualifiera de fort.
Il recrute donc Hewetson qui pense enfin donner la pleine mesure de son penchant pour l’horreur. Hewetson, sans être mauvais, n’a pas la vista de Goodwin qui savait mettre quand il le fallait l’ironie, parfois teintée de mauvais goût, qui apportait une tonalité d’humour noir. Hewetson est davantage premier degré, comme Christophe Bec l’est dans la BD francophone d’horreur.
Toujours est-il que
Sol Brodsky a depuis quitté Marvel et a fondé avec Israel Waldman, Skywald, un
éditeur qui lorgne sans vergogne sur les productions de Warren.
Quelle bonne idée
de recruter celui qui fait office de rédac’chef et que Brodsky a déjà embauché
dans le passé !
Warren s’étouffe de
rage mais Hewetson part avec armes et bagages chez le concurrent. Là il va
écrire en 4 ans près de 300 histoires, encore que certains parlent même de 500.
La maison n’est pas bien grande alors pour donner l’impression du nombre
Hewtson multiplie les pseudos, voire laisse ses histoires être publiées sous le
seul nom du dessinateur.
Bien évidemment
écrire autant en si peu de temps entraine fatalement une grande hétérogénéité
dans la qualité. Quoiqu’il en soit le scénariste lance le concept d’horror mood qui est davantage un concept publicitaire qu’une école
littéraire. Si on devait la caractériser on dirait qu’il s’agit d’un style
d’histoires sombres, le plus souvent sans happy ending et surtout sans l’once
d’humour noir qu’instillaient à leur époque EC Comics et Warren première
formule.
Devant l’arrivée de
concurrents potentiels comme Warren ou Skywald, Marvel siffle la fin de la
récré en inondant le marché de revues similaires. La maison a financièrement
les reins assez solides pour supporter le choc, pas Skywald, quant à Warren il
est durement touché mais parvient à subsister encore quelques années.
Pour Hewetson c’est la fin de ses campagnes américaines, il retourne au Canada dans le domaine de la presse mais plus de la BD.
Il se remet d’un
premier infarctus en 2001 mais meurt brutalement le 6 janvier 2004, il y a donc
19 ans jour pour jour, peu après avoir achevé Skywald!: The Complete Illustrated History of the Skywald Horror-Mood.
Cet ouvrage mélange témoignages des acteurs de l’aventure avec des bios
succinctes, une interview du Dr Wertham qui passe pour avoir été le méchant
censeur des comics dans les années 50 et quelques histoires complètes. Ce livre
fort de 250 pages grand format sera publié donc post mortem.
Voici donc un témoignage de ce qu’il considérait comme l’horror mood.
Les dessins étant assurés par l'artiste espagnol Jesús Manuel Peña Rego (1941-2005)
Les éditions Campus qui éditaient Fantastik travaillaient avec l'écurie
Elles publièrent donc les 120 planches de cette saga du n°15 au 20 (1983-1984).
Soyez prêts maintenant à affronter le Mal!
Quel bel article et quel excellent album. Merci beaucoup V57 pour ce super cadeau. Robert
RépondreSupprimerUn grand merci.
RépondreSupprimerMerci Voltaire57 !
RépondreSupprimermerci
RépondreSupprimerMerci à Voltaire57..!.
RépondreSupprimerMerci beaucoup
RépondreSupprimermerci pour cette perle des années 70
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