C‘est peu de dire que Tardi a fait une entrée fracassante dans le monde de la BD. Sa première histoire qu’il co-écrit avec Giraud, excusez du peu, et dessine totalement est une to-
tale réussite. Nous sommes en 1970 et Pilote vient de nous offrir un pur talent.
Il y a déjà dans les six planches d'Un cheval en Hiver tout Tardi. La guerre bien sûr, son ab-
surdité, sa folie et les déviances qu’elle déchaine. Mais comme toujours chez lui, c'est une guerre a
hauteur d’hommes. Avant toute chose, il nous parle de I’humain autant dans son inhumanité, que dans
sa farouche volonté de survivre faisant fi du reste, de l’égoïsme , de I’honneur et de
son espoir de retour a la normalité.
En lisant ce récit, on ne peut s‘empêcher de penser aux nouvelles de Maupassant sur la guerre de 1870.
Il y a d’abord ce paysage d’hiver, dix des treize nouvelles de I’écrivain normand se passent durant cette
période. Il ne faut pas étre grand clerc pour y voir le symbole de la mort et de la désolation mais aussi
d'un espoir de renouveau. Il y a ensuite sous une apparence de futilité de la situation, une profondeur
des comportements. On retrouve chez le maréchal des logis Poicard la même obstination que chez
La folle (1882) ou La mère sauvage (1884), la même inutilité du combat et le même sacrifice.
C'est sans doute parce que Tardi comme Maupassat optent pour une description factuelle des événements que nous sommes touchés par les sentiments bruts en conformité
avec la brutalité finale des épisodes.
Ce côté clinique que l’on retrouve chez le normand et qui sous l’‘apparence de ne pas prendre
parti nous amène a réfléchir sur l’inanité ou la profondeur de nos comportements.
Ce n’est sans doute
pas un hasard si Tardi choisit un style plus réaliste que celui qu’on lui connaîtra bientôt.
Bref, ce cheval là est en quelque sorte un chef d’oeuvre !
Les histoires suivantes sont composées avec Serge de Beketch. Il n y’ a pas plus opposés que ces deux
hommes la. L’un est un libertaire dans |’âme, l'autre un partisan de la droite la plus extrême et pour-
tant les trois histoires qu'ils livrent sont exemplaires. Il est bien dommage que le scénariste ait choisi la
politique plutét que la littérature car sa dilection pour le récit fantastique était bien réelle.
C'est lui, entre autres, qui introduisit et adapta Creepy et Eerie en France. C’est également a lui qu’on
doit la premiére BD d’heroic fantasy dans notre pays, Thorkael.
Son histoire de la Torpédo rouge-sang est plus qu‘intrigante et passe depuis pour vraie.
On la retrouve d’ailleurs dans Mystères (1984) de Jean-Francois Nahmias,
celui qui rédigeait les histoires de Pierre Bellemare sur Europe 1
Hélas , trois fois hélas, cette belle histoire qui a toutes les apparences d’être vraie semble
bien être fausse.
Le New York Times
met malheureusement
a mal toute cette théorie, tout en renvoyant sur un article du
Smithsonian Institute
Les deux organismes, réputés pour leur sérieux, brisent en l‘occurrence une légende. Dans son article, Mike Dash en trouve la trace.
Elle remonte a un ouvrage de 1959 écrit par Frank Edwards, Stranger than Science, que Dash démonte point par point.
Les faits les plus évidents étant que la voiture est toujours visible dans un musée de Vienne
et qu’elle n’a jamais été rouge !
Cette démystification démontre plusieurs choses :
- Que pour avoir eu vent d’un livre américain paru en 1959 de Beketch s'intéressait
vraiment au fantastique
- Que la rareté des sources disponibles a l’époque donnait une crédibilité au livre, quel qu’il soit
-Que les sources de vérification aujourd'hui disponibles sont ben plus nombreuses
Qu'il serait fallacieux de penser que nous sommes désormais a l'abri de toute erreur par la multi-
plicité des sources. On constate trop souvent que la source A s‘appuie sur B qui s‘appuie sur C et
ainsi de suite jusqu’à Z qui s‘appuie de nouveau sur A. Chaque source apportant ou retranchant
une précision supplémentaire.
La deuxième histoire, L’homme qui connaissait le jour et l’heure, est bien sûr inspirée
par Edgar Cayce, quant a la dernière, c’est un récit fantastique pur jus.
Désormais Tardi allait prendre seul son envol.
Bonne lecture !
NB: Il existe sur cette période 3 planches d’actualités dessinées par Tardi mais n‘ont rien de voir avec la tonalité de cet album pas plus d’ailleurs qu’avec son graphisme et ont donc été ignorées.
Merci à Voltaire 57 cet excellent album virtuel parfaitement édité.
Liens: .zip - .pdf
Publié par Monsieur Augustin
Merci !
RépondreSupprimerGrand, grand, grand merci. Robert
RépondreSupprimerMERCI POUR CE RECUEIL DE TARDI BOB
RépondreSupprimerUn grand plaisir de pouvoir lire un Tardi peu connu. Merci beaucoup V57 pour le sauvetage. Antoine B.
RépondreSupprimerNerci beaucoup Voltaire57 !
RépondreSupprimerTrès grand merci.
RépondreSupprimerMerci beaucoup
RépondreSupprimerMagnifique ! Jamais vu !! Jamais lu ! N'en connaissais même pas l'existence.
RépondreSupprimerPourtant ma bibliothèque comporte plus de 5500 albums franco-belges ...
Merci ! On reconnaît déjà ce trait inoubliable encore non affirmé.
Incontournable trésor de Seulement BD.
Merci Voltaire 57 pour cette perle..!.
RépondreSupprimerUn beau cadeau pour démarrer septembre.Un grand merci.
RépondreSupprimerJimiH10
En un mot : Bravo !
RépondreSupprimerMerci pour ces "inédits" pour moi... Un grand monsieur...
RépondreSupprimerMerci
RépondreSupprimerMerci pour Tardi, qui, dans les années 70 en le découvrant dans Pilote (notamment avec les histoires proposées ci-dessus et surtout Brindavoine et Le Démon) m'ont fait passer des Schtroumpfs (c'est un exemple, je n'ai jamais été un grand fan de cette bd misogyne) à la bd "pour adultes".
RépondreSupprimerLa semaine passée, je suis allé visiter une expo de ses planches. Extraordinaire, notamment celle dudit Démon. Je ne me souvenais pas que ses originaux étaient si "petits", environ 1.5x le format de publication.