Pendant longtemps la BD française a superbement ignoré
la guerre de 14-18. Si l’on exclut les traductions françaises
de Corto Maltese ou les œuvres –remarquables de Micheluzzi
les albums parus dans les années 80 se comptent sur
les doigts d’une main L’ombre du Corbeau (1981) de Comès,
Le trou d’obus (1984) de Tardi, les premiers albums de
la série Victor Sackville et Chimères (1989) de Rouffa.
Les années 90 sont un peu plus riches mais pas beaucoup
plus avec toujours Tardi en tête d’affiche.
L’avalanche n’a vraiment commencé qu’avec le début
du nouveau millénaire et a
pris des proportions à mesure qu’on se rapprochait
de la commémoration du premier centenaire de cette boucherie.
On peut se demander le pourquoi de ce retard à l’allumage.
Si la France n’aurait pas pu gagner la guerre seule, il serait indécent de
barguigner son héroïsme et sa vaillance. Si l’Allemagne et la Russie ont
eu davantage de morts avec respectivement 2 et 1,8 millions, la France
avec 1,4 arrive immédiatement après. Pire encore les pertes françaises
rapportées à la population susceptible de prendre les armes est de l’ordre
de 10,5%, plus que l’Allemagne 9,8%, l’Autriche-Hongrie 9,5%, l’Italie
6,2% ou le Royaume-Uni 5,1%.
A cet holocauste au dieu Mars rajoutez 4 millions de blessés dont pas mal
d’estropiés et vous avez les raisons qu’avant d’être une victoire il s’agit
d’abord et surtout d’une douleur.
Comparées à la plupart de leurs homologues
américains ou britanniques les BD françaises sur le sujet sont davantage
marquées par la noirceur et la souffrance des soldats. Il y a des
exceptions bien sûr mais le ton général est là.
On ne retrouve pas vraiment ce ton désabusé dans l’immense majorité
des comics américains ou britanniques à l’exception notable de
La Grande Guerre de Charlie...
[Le texte continue à l'intérieur de l'album]
En 1965 Dell s’est séparé de Western Publishing
qui poursuit seul son aventure éditoriale
sous la marque Gold Key.
À l’arrivée les deux seront perdants et laisseront la place d
e numéro 1 d’abord à DC puis à Marvel.
Comme dans tout divorce chacune des parties récupère tel
ou tel bien mais pas l’ensemble. Pour Dell, comme
pour Gold Key nécessité faisant loi de nouvelles séries sont créées.
Ce World War Stories ne connaîtra que trois
numéros et c’est bien dommage car malgré quelques défauts, s
ur lesquels nous reviendrons, il s’agissait de faire en quelque
sorte un Oncle Paul à l’américaine.
Le premier numéro donne, non pas les raisons profondes
du conflit mais son casus belli et l’un des premiers
tournants de la guerre à savoir la bataille de la Marne.
Le deuxième se concentre sur l’expédition des Dardanelles
et le dernier sur la deuxième
bataille d’Ypres au printemps 1915 qui vit
pour la première fois l’utilisation de gaz de combat.
Nous n’aurons donc pas la bataille
de la Somme, de Verdun, pas plus que le front italien
ou l’offensive Broussilov.
On aurait néanmoins pu avoir des séquences
sur les batailles de Tannenberg et Lemberg (Lviv)
qui eurent lieu en août 1914, mais le côté oriental
de la guerre était
sans doute commercialement moins porteur.
Quoi qu’il en soit nous avons là une plutôt bonne BD
sur le début de la ‘Der des Ders’.
Pour autant notons quelques erreurs : les
poilus sont affublés du casque Adrian dès la bataille
de la Marne alors qu’il ne fera véritablement
son apparition qu’à partir de septembre 1915.
Même chose pour les tommies dont leur casque
ne fera véritablement son apparition sur
les champs de bataille qu’en 1916.
Cet album nous permet également de revenir sur
la bataille des Dardanelles, un aspect de la guerre
dont on a tendance à minorer l’importance en France.
Quand il écrira plus tard ses mémoires, l
e général allemand Ludendorff affirmera que
l’entrée en guerre de la Turquie permit de prolonger
la guerre d’au moins deux ans.
Deux ans de guerre en plus, quel bonheur !
[Le texte continue à l'intérieur de l'album]
Nous remercions Voltaire 57 pour ces magnifiques albums,
parfaitement édités.
Albums nº582 - nº583 réalisés par Voltaire57
Publié par Monsieur Augustin
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