Seulement BD: Trésors de Hop ! - Compilation de Voltaire57

lundi 3 mars 2025

Trésors de Hop ! - Compilation de Voltaire57

Louis Cance (1939-2023) était un type formidable bien qu’il ait eu un gros défaut : il était
humble ! À une époque où il est de bon ton de rouler les mécaniques et de donner dans le génie
à chaque album, ou plus exactement y prétendre sans souci pour le gonflement de ses
chevilles, Louis Cance était exactement le contraire.

C’était un vrai artisan en rappelant que dans ce mot il y a « art ». Aux lumières des sunlights il a préféré
ses crayons et sa planche à dessins.

Curieux hommage que celui-ci qui ne rassemble pas de planches de celui que l’on veut célébrer. En fait
Cance était né dix ans trop tôt ou dix ans trop tard. Dix ans plus tôt il aurait pu rencontrer des Goscinny,
Charlier et autres Franquin, dix ans plus tard il aurait pu faire partie de la fournée de Juillard, Convard, Gine, etc.

S’il n’y avait que cela, mais il était né aussi au mauvais endroit. Serait-il né en Belgique qu’il aurait côtoyé
les Dany, De Groot et autres Raoul Cauvin de sa génération. Mais voilà il est né dans le Cantal bien
trop loin de Bruxelles ou Paris, les centres de de la BD au début des années 60. Certes il y avait encore
alors des éditeurs en province. Les plus connus étaient Lug, Impéria et les éditions du Rempart à Lyon, Artima/Arédit à Tourcoing.

Mais il débute à 20 ans aux éditions du Puits-Pelu de Lyon. Bon,
il fait bien commencer quelque part. Cela étant pour se faire un
nom le Puits-Pelu n’est pas nécessairement l’endroit le plus connu.

Son Red Devil qui parait dans Johnny Texas n’est pas indigne,
surtout pour un débutant. Il va d’ailleurs continuer dans cette
veine réaliste pendant un certain temps.

On le voit par exemple dans Lisette Magazine, un petit format.

Le dessin est classique sans être d’une originalité folle et aurait

pu trouver sa place dans des hebdos plus prestigieux. Mais ce ne

fut pas le cas.

Outre Lisette des éditions Montsouris,

on le retrouve chez Fleurus, Amis-Coop, des maisons qui

ne manquaient

pas de qualité mais qui en
l’absence de séries locomotives restaient
des éditeurs secondaires.
En 1967 il obtient en quelque sorte
De haut en bas et de gauche à droite : Jules Verne in Lisette (1967),

Un de la police montée in Amis-Coop (1982), Pépé Dynamite
in Formule 1 (Fleurus 1975), Pif in Pif Gadget (1978)
son bâton de maréchal en remplaçant Roger Mas dans Pif le Chien.

C’est à partir 1973 qu’il travaille bénévolement pour Hop ! dont il devient l’âme.

Ce journal sera à son
image : précieux, sans esbroufe mais remarquable. À la différence des autres magazines qui traitent de
la BD avec un regard élitiste, voire avant-gardiste affirmé, et qui brassent

autant de vent et d’affirmations
péremptoires que d’informations utiles, Hop ! mettait en avant les oubliés,

les sans-grade sur le
même plan que les vedettes. Et surtout ce travail se faisait avec la minutie d’un apothicaire ou d’un bénédictin
ou mieux encore d’un bénédictin apothicaire.

Sa revue tirait à 6 ou 800 exemplaires ce qui faisait que les services de presse des grands éditeurs l’ignoraient
avec autant de morgue que de bêtise. C’était donc à lui d’aller chercher les infos. Aujourd’hui qu’il
n’est plus on s’aperçoit bien trop tard que sa revue était un must d’érudition et qu’il aurait dû être choyé
par toute la profession alors que, autant le dire, il tirait quand même un peu le diable par la queue.
Alors certes, il n’a pas eu d’album sous son seul nom, alors bien sûr la plupart des critiques de BD se
contrefichent de la plupart des auteurs que sa revue ressortait de l’oubli, évidemment notre mode de
vie nous amène à nous intéresser davantage au prochain album ou au prochain film qu’à ceux du passé
et qui recèlent souvent, mais pas toujours, de jolies perles.

Mais les vrais passionnés lui sont reconnaissants pour ce travail de titan qu’il a édifié avec ses amis et
collaborateurs tous bénévoles en quasiment 50 ans de Hop ! Outre interviews et études, il exhibait de
temps à autres quelques vieux récits complets de quelques planches oubliées de tous. Nous en avons
retenu quelques unes qui montrent entre autre l’évolution de la BD de 5 à 3 strips par planche.

Vous conviendrez en voyant les noms des différents auteurs

qu’il s’agit d’une bien jolie brochette qui présente
toute la diversité de la BD.

Pour tout cela et d’abord d’avoir été vous-même; merci Monsieur Cance !