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vendredi 16 février 2018

Le Chevalier Printemps (Série complète) - Jean Trubert & Lécureux [Bibliotheca Virtualis].



La narration, menée de main de maître, est considérée comme le chef d’oeuvre de Trubert, qui y mit incontestablement tout son coeur. Jamais son dessin ne fut plus sûr, plus élégant, puissant quand il le fallait, léger quand c’était nécessaire, mais toujours crédible même dans les passages les plus oniriques. Trubert tenait beaucoup à cette histoire. 
Parue à l’origine dans Baby journal, en 1949, il la reprit dans Cri-cri journal puis Coq hardi (1949) en noir et blanc, puis dans Bravo (1949-50), dans les Belles images de Pierrot (1952-55), où la saga se prolongea avant de trouver son achèvement dans Femmes d’aujourd’hui (1960-63), équivalent au final de trois volumes dont un seul devait paraître en album chez Glénat en… 1977 et en noir et blanc. Ce premier volume contient les deux premiers épisodes, parus dans Baby journal.



Il est réédité (10/09/2015) 
en format demi-planches d’origine, les couleurs ont été reconstituées à partir de celles du journal et d’épreuves acceptées par Trubert à l’époque, retrouvées dans ses archives, les planches restaurées numériquement. La suite paraîtra en format de planche plus classique en deux volumes, en couleurs quand cela l’était, en noir et blanc quand cela parut ainsi à l’origine. 
Ces éditions, à tirage limité, sont le fruit d’une coopération d’héritiers, les éditions Lécureux créées par le fils de Roger, et les éditions Chantal Trubert, fille de Jean. 
Cette dernière a fondé l’école d’arts graphiques qui porte le nom de son père (basée à Antony, elle vient de déménager dans le XIX° arrondissement de Paris, rue d’Hautpoul). C’est une ancienne élève de l’école, Anne-Marie Gueguen, qui a réalisé la couverture et les couleurs restaurées par Patrick Buchoux.

Le Chevalier Printemps est une BD du type texte-sous-image, mais un texte lettré à la main et non composé, qui le rend lisible. Il est d’ailleurs essentiel et bref. La fantaisie du récit, le parti-pris satirique et caricatural lui donnent l’élément humoristique qui garde à distance l’irrationnel du fantastique, mais l’histoire elle-même est très structurée. Le chevalier est un adolescent frêle et peu fait pour les combats de l’époque, il a donc un ami, Brabas, un colosse bien utile. Printemps est amoureux, évidemment, car pas d’histoire médiévale sans amour absolu et pur, et Rosemonde l’attend comme dans n’importe quelle geste classique. Magie noire et magie blanche s’affrontent entre fées et sorcières, mais là n’est pas l’intérêt de cette BD.


Il se dégage de ces planches une autre sorte de magie, graphique et narrative, qui reste sans explication rationnelle. On est simplement happé par un récit dessiné, pourtant pas facile à lire aujourd’hui, avec ses cases souvent de taille identique et son texte-sous-image ; avec ses personnages très travaillés, son ambiance troubadour et son dessin nerveux, elle emporte et nous emporte. Les lecteurs l’ayant lu à l’époque en gardent une nostalgie qui eut ravi Marcel Proust, ce qui est d’autant plus étonnant que sans doute aucun ne l’avait alors lue en entier, étant donnée la dispersion de ses supports. Quelques planches suffisaient à la créer. Magie encore.

On rappellera que le Chevalier Printemps fut avant cela un personnage de publicité, créé par la star de l’illustration friponne, Georges Léonnec, pour la marque Byrrh. Mais Lécureux et Trubert n’en ont repris que le nom.



Les fans de Jen Trubert, qui sont de plus en plus nombreux grâce au travail de sa fille et du Club Jean Trubert qu’elle avait mis sur pied en parallèle à sa maison d’édition, attendaient cette réédition avec impatience. D’autres volumes de ce maître de la BD fantaisiste ont vu le jour avant celui-ci, montrant des facettes variés du talent de Trubert, qu’on doit classer parmi les géants de la BD des années 1940-60. Il est temps que le public, désormais plus attentif au patrimoine dessiné, se réapproprie son travail colossal, entre BD, illustrations, dessins de presse et autres contributions au genre.



Quant aux fans de Roger Lécureux, qui dévoraient dans Vaillant puis Pif ses histoires si souvent de haut niveau, ils découvriront une facette inattendu de son talent, car son nom ne figurait pas sur les éditions d’origine. S’il n’a pas beaucoup donné dans le genre merveilleux, il a été un des grands de la SF avec Les pionniers de l’Espérance (dessiné par Raymond Poïvet), où le fantastique était très présent, dans certains épisodes. On retrouvera parfois la même inspiration, notamment dans le passage avec une nature en folie aux pousses géantes.
Ce classique enfin accessible fera la joie de tous les lecteurs qui ne se contentent pas des formes plus contemporaines (manga, comics, roman graphique, album 48CC) et veulent connaître la BD dans son ensemble historique pour mieux comprendre lesdites formes modernes. Autant dire les vrais lecteurs, qu’il faut, je le rappelle, opposer aux simples consommateurs. Qu’on se le dise !
Présentation:  Omer

Textes: Roger Lecureux
Dessins: Jen Trubert


Scans issus de Baby Journal; Cri-cri Journal puis Co Hardi - 1950
La couverture et les deux premièr planches proviennent de
l'album Chantal Trubert éditeur 2015,  94 pages
Scans issus des belles images de Pierrot 1951

54 pages

Scans issus des belles images de Pierrot 1952

45 pages

Scans issus des belles images de Pierrot 1954

47 pages


Publié par Monsieur Augustin

9 commentaires:

  1. Ouh là là! Ça c'est du lourd! Nous n'étions même pas nés! Encore sublime de votre part! MERCI!

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  2. Maravilloso !!! Cautivado por el color y línea tan delicada !! ¡ Merci !!

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  3. Des commentaires très aimables. Un grand merci à tous. Salut!!

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  4. le lien du 4 est mort
    Cordialement

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  5. MERCI POUR LE CHEVALIER PRINTEMPS BELLES HISTOIRES BOB

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  6. Extra !
    Merci pour cette remise au goût du jour
    V57

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