On a souvent opposé Jules Verne à Herbert George Wells en disant que toutes les inventions du
premier avaient été réalisées et pas celles du second. Et de fait on n’a toujours pas trouvé le
moyen de se rendre invisible, ni de voyager dans le temps ou de voir des animaux préhistoriques déambuler à côté de nous. Quant aux aliens souhaitant asservir la Terre, on n’est pas
pressé de les rencontrer.
![]() |
Albert Robida, - La Vie électrique (1893) |
![]() |
Un roman précurseur (1868) |
la lune, le dirigeable et un tas d’autres choses qui font partie
de notre quotidien. A dire vrai Jules Verne n’a rien inventé, il
a extrapolé, ce qui ne retire rien à son génie.
Le sous-marin ? Quand il écrit 20.000 lieues sous les Mers en
1869, il y a déjà eu la tentative américaine de la Turtle en
1775 contre les Anglais. Verne n’est peut-être pas au courant
mais il connait les essais de Robert Fulton encouragés par
Bonaparte. Le prototype de l’ingénieur ne s’appelait-il pas...
Nautilus !
De même quand il écrit Robur le Conquérant (1886) les premiers essais
d’aérostats manœuvrables ont déjà eu lieu. Mais
le talent de Jules Verne est de partir d’un embryon d’invention
à perfectionner pour aboutir à une
machinerie sophistiquée en avance sur son temps.
On y voit de la préscience alors
qu’il y a culture, curiosité et inlassable labeur de l’auteur.
On a donné le même type d’explications au roman de Morgan
Robertson, Futility (1898) qui passa inaperçu jusqu’en 1912 où sa
réédition en 1912 sous le titre The Wreck of the Titan fit, si j’ose
écrire, davantage de vagues.
De fait Robertson, fils d’un capitaine de marine, avait bourlingué
de 1876 à 1899 terminant au grade de second et connaissait bien
ce domaine. En écrivant son roman, il avait simplement pris les
données de son époque et les avaient surdimensionnées pour
leur donner un côté plus spectaculaire, ce qui ne manqua pas
d’arriver par la suite dans la réalité. Quant au nom du Titan depuis
la mythologie grecque il est synonyme de puissance.
Bref on fait de Verne un multiple inventeur visionnaire alors
qu’on oublie toujours ce qui pourrait bien être sa plus grande
invention : le steampunk !
En fait il ne le crée qu’indirectement mais en jette les
bases. Nous avons l’homme de science, le plus souvent incompris par ses contemporains, qui a su domestiquer l’électricité et/ou la vapeur, mais pas que,
et qui est en quête d’un destin. On retrouve ce schéma dans les romans déjà cités mais aussi dans Cinq
Semaines en Ballon, De la Terre à la Lune, Une Maison à Vapeur, etc.
futur moteur à explosion est absente. Toutefois
Verne reste si l’on peut dire dans son siècle alors que
le steampunk revient dans le temps en inventant un
passé qui n’a pas eu lieu, c’est-à-dire une uchronie.
Dès lors le genre connaîtra deux voies parallèles, le
steampunk proprement dit où toute la société a été
gagnée par le règne de la vapeur et les œuvres de type vernien.
En pareil cas nous sommes dans le passé que nous
connaissons
avec ses règles et son histoire mais avec un ajout technologique
qui n’appartient qu’à un individu tel Nemo par exemple.
Le Secret de la Pyramide (1985) ou L’île sur le toit
du monde (1974) tiré d’un roman de Ian Cameron
sont de bons exemples du genre. On peut d’ailleurs
penser que l’idée du dirigeable a peu ou prou influencé Guy Counhaye.
Si ce côté vernien est finalement assez peu présent dans la littérature,
davantage tournée vers le steampunk on le voit assez
fréquemment dans la BD franco-belge...
[Le texte continue à l'intérieur de l'album]
Nous remercions Voltaire 57 pour ce magnifique album,
parfaitement édité.
Lien: .pdf
Album nº 459 réalisé par Voltaire57
Publié par Monsieur Augustin