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vendredi 13 janvier 2017

Orval T02 - Jean-Claude Servais

Genre :Histoire
Parution :Série finie
Tomes :2


Orval
2. Deuxième partie
Une BD de Jean-Claude Servais  chez Dupuis - 2010
   10/2010 (01 octobre 2010),  54 pages, Grand format

D ébut du XIXe siècle. La Révolution n'a laissé que ruines de l'abbaye d'Orval.
 La richesse des religieux, à laquelle s'est ajouté le soupçon que le lieu devait être une étape sur le chemin de la fuite du roi, arrêté à Varennes, semblent avoir signé la fin du monastère. Mais ces ruines intéressent encore fortement certaines personnes, et notamment Jacques Frémy, le fils bâtard abandonné du riche citoyen Henri Froisset. 
La rumeur prétend que les anciens occupants du lieu auraient caché leur trésor quelque part sous l'abbaye, et Jacques compte bien s'en emparer et l'utiliser dans ses desseins de vengeance à l'encontre de son père. Nul doute pour lui que le vieux moine qui vit encore en reclus dans la forêt, mystérieusement protégé par les loups, ne le mènera à ce qu'il convoite...


Ce second tome d'Orval ne propose pas d'infléchissement majeur par rapport au précédent et les lecteurs y retrouveront ce qui leur aura plu – ou les aura désappointés. En revanche, il permet peut-être de mieux saisir le projet de la dernière œuvre en date de Jean-Claude Servais. Si celle-ci tient en deux volumes – comme la plupart des titres de La Mémoire des Arbres auquel Orval se rattache –, sa structure générale rappellerait plutôt celle d'un triptyque d'art religieux. Le panneau central et principal en serait constitué par l’évocation du sort de l'abbaye autour de la Révolution française. C'est également dans cette partie que la fiction est le plus développée, autour des parcours parallèles de Gauthier et Henri, ainsi que, dans ce volume, de leurs familles. De part et d'autres, les panneaux latéraux évoquent plus brièvement la création de l'ordre bénédictin et son implantation à Orval, dans le premier tome, la renaissance du monastère au début du XXe siècle, dans le second. 

Dans le précédent volume, l'opposition de Gauthier et Henri avait d'autant plus de force qu'ils étaient des témoins et des acteurs de la grande marche de l'Histoire, sous laquelle Orval s'apprêtait à être broyée. Dans ce nouvel opus, l'Histoire est passée, et autour des vestiges du monastère, il ne reste plus aux personnages que leurs petites histoires. Or, si l'idée de faire intervenir leurs "familles" ouvre au récit des perspectives intéressantes, elle souffre également d'un schématisme manichéen qui en affaiblit considérablement l'efficacité. Henri le jouisseur orgueilleux, avide de plaisirs faciles, de pouvoir et d'argent, a produit un bâtard rongé par la haine et la soif de possessions, qui devient un cruel bandit de grands chemins ; tandis que le pur Gauthier peut toujours compter sur l'aide et la bienveillance de la sauvageonne qu'il a aimé avant de devenir moine, et du fils né de leur union. 


Il y a là de quoi faire regretter que Jean-Claude Servais n'ait pas consacré l'intégralité des deux albums à cette intrigue-ci, en se permettant de la développer plus et mieux. Et ce, d'autant que ce second tome tend plutôt à confirmer, malheureusement, l'impression que l'auteur a visé trop haut, trop grand, en voulant embrasser toute l'histoire de l'abbaye d'Orval ainsi que son "esprit". Servais se défend d'avoir voulu faire œuvre d'historien, mais certains passages didactiques, en particulier dans les "volets" courts, donnent trop l'impression de résumer rapidement l'Histoire, plutôt que de la faire vivre. Il se défend d'avoir voulu faire œuvre religieuse, mais plusieurs planches donnent l'impression, quelque peu gênante, qu'elles ne dépareraient pas dans les pages d'un livre de catéchisme (ce qui surprendra peut-être certains lecteurs de La Belle Coquetière ou des Seins de café !).




Ces quelques réserves n'empêchent pas la présence dans ce second tome d'Orval de passages réussis, de scènes fortes et de quelques moments de grâce. S''y retrouve surtout, avec bonheur, tout le talent déployé par Servais au dessin, magnifié, de surcroît, par les couleurs de Raives. Le caractère quelque peu bancal du scénario, qui semble paradoxalement bridé dans son développement par l'ampleur même du projet, empêchant Orval de rivaliser avec les grandes œuvres du Maître, en est d'autant plus regrettable.

Par L. Boyer





Publié par Monsieur Augustin



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