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jeudi 2 février 2017

Alim le tanneur 02 - Le vent de l'exil [Lupano-Augustin-Penloup]


 2. Le vent de l'exil
Une BD de Wilfrid Lupano et Virginie Augustin chez Delcourt (Terres de Légendes)
03/2006.    46 pages.  Grand format.

 Depuis qu’ils ont découvert une relique ayant pu appartenir à Jesameth la divinité locale, Alim, son beau-père et la petite Bul ont été contraints de quitter la cité. Cette trouvaille pourrait ruiner la crédibilité et l’autorité du pouvoir religieux en place. L’exil n’est pourtant pas un gage de paix et de sécurité, le terrible Torq Djihid étant désormais lancé à leurs trousses.



Le premier volet d’Alim le tanneur avait été une des révélations de l’année 2004 (un trophée symbolique de Meilleur « 1er album » de l’année au BDGest’Art récolté au passage). Le style de Virginie Augustin a de quoi charmer et les bouilles de Bul et de son pépé évoluant dans des décors exotiques et idylliques avaient, par exemple, séduit. 
Au point de reléguer à l’arrière-plan une intrigue dont on ne retenait pas nécessairement 
le potentiel et surtout l’aspect le plus sombre, pourtant clairement annoncé par la scène d’ouverture.


Dans ce domaine, Le vent de l’exil ne laisse planer aucune ambiguïté. Finies les ambiances de cocotiers, atténués les sourires amusés. Le danger prédomine, la violence explose. En témoigne cette séquence d’une incroyable sauvagerie révélant la personnalité de Torq Djihid face à la Maati. Etonnant. Et il y en a d’autres de ces épisodes sanglants qui cette fois marquent plus l’esprit que les épisodes champêtres ou les facéties d’une petite chipie toujours aussi adorable. La construction du récit joue habilement sur l’alternance de ce type de scènes jusqu’à la confrontation finale entre les personnages dont les routes se rejoignent. Les caractères des protagonistes sont radicalement opposés mais la caricature est soigneusement évitée : les méchants inquiètent réellement (Djihid est LA trouvaille de l'album et le sauve d'une facilité trop bon enfant), les gentils sont définitivement sympathiques, et c’est très bien comme ça. Le parcours suivi par Alim, qui relève plus de la fuite que d’une feuille de route, lui permet en outre d’enrichir la galerie de compagnons attachants à défaut d’être totalement surprenants.


Le durcissement du ton s’est accompagné d’un changement de décor. Le terrain est plus difficile, le climat plus rude, l’environnement en général plus hostile. Il y a de la vie, du mouvement. Les personnages ont du charisme (on a oublié l'héritage disneyen malgré les "emprunts" à Mulan que la neige met en exergue - Soubyr et ses airs de Chien-Po par exemple), les cadres naturels et les architectures sont soignés. Plutôt qu’une sensation de juxtaposition disgracieuse, la cohabitation entre traits fins et crayonnés encore visibles pour certains éléments apportent un cachet certain avec lequel les couleurs, elles aussi réussies, ont su composer.


A n’en pas douter, la série a pris un virage qui lui donne une autre dimension. Le scénario joue très habilement avec des ingrédients que l’auteur maîtrise et qui donnent au lecteur la sensation d’être en terrain familier sans pour autant crier au déjà-vu. La suite est désormais attendue autant pour son histoire, dont on espère qu’elle va nous conduire vers un nouvel ailleurs très différent, que pour son style graphique qui a passé avec succès l’épreuve de la confirmation.


 Par L. Cirade [http://www.bdgest.com]




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